vendredi 18 décembre 2009

Bis répétita...

Bonjour,
Nous avons un problème avec vos images. Le graphiste a besoin de fichiers haute définition pour travailler correctement. Il lui faut du 300 dpi. Or, vos images sont toutes en 72 dpi. Pouvez-vous nous les renvoyer d'urgence ?

Bonjour,
Votre graphiste peut régler lui-même cette question en allant dans "taille de l'image" et passer la résolution à 300 dpi en décochant la case "rééchantillonnage". Les images font 180 x 120 cm à 72. Rapportées à 300, ça devrait suffire pour le 1/4 de page demandé...

Bonjour,
Le graphiste me dit qu'il n'est absolument pas question qu'il rééchantillonne les images. Je n'ai pas bien compris.

Bonjour,
Changez de graphiste.

jeudi 26 novembre 2009

Agence, quelle engeance ! (et je reste poli)



Bonjour,

Je vous ecris de la part d’alfred. Je suis Richard Antez directeur de l'agence abracadabra et j'aimerais savoir s'il etait possible de recevoir des photos du Dalaï-lama de retour du Tibet ?

Mon tel portable est le +336xxxxx

Merci

RA

---- Envoyé avec BlackBerry® d'Orange ----

Je rappelle dans la demi-heure...

J'ai loupe votre appel. Pourriez vous me rappeler.

Merci

Richard Antez

---- Envoyé avec BlackBerry® d'Orange ----

Je re-rappelle, il me demande de partir sur le champ à l'ambassade faire des photos d'une conférence de presse du Dalaï-lama. J'y vais, y passe une bonne partie de la soirée, rentre à la maison, édite, retouche, et envoie par yousendit, trois bonnes heures de plus de boulot, et, à 5h30 du matin (11h30 heure française) :

From: Destroy

Date: Sun, 30 Nov 2008 11:26:53 +0100

To:

Subject: Dalaï-lama

Bonjour,

vous pouvez télécharger une première partie des photos de la conférence de presse du Dalaï-lama à l'Ambassade de France à Lhassa sur le lien suivant https://www.yousendit.com/xxx

Je vous envoie de suite la seconde partie (à peu près 20 min compte tenu de ma connexion un peu poussive).

Destroy

Il est content, tout va bien, on discute tarif et détails. Boulot réglé, y a plus qu' à attendre le chèque...

Expéditeur:    rantez@abracadabra.com

Objet:    Re: Dalaï-lama

Date:     30.11.2008 11:34:32

Destinataire:    Destroy

Ok merci. Je vous diffuse sur un deal de 60/40.pouvons nous diffuser world ou france only?

---- Envoyé avec BlackBerry® d'Orange ----

7 mois et demi plus tard, aucune nouvelle. En faisant une recherche google "Destroy/abracadabra", je trouve au moins une photo, sur le site d’un quotidien italien. Je relance :

Expéditeur:     Destroy

Objet:     Photo : Dalaï-lama    

Envoyé le:     16.07.2009 11:45:59

Destinataire:     rantez@abracadabra.com

Bonjour,

vous m'aviez envoyé faire des photos du : Dalaï-lama. lors de son passage à l'ambassade de france au Tibet il y a six mois environ, et comme je n'ai jamais reçu de relevé, je venais aux nouvelles. En espérant avoir l'occasion de retravailler avec vous, je suis toujours au Tibet pour environ une année encore.

Cordialement,

Destroy

J'attends deux mois et demi... sans aucune réponse, et je me permets de réécrire :

Le 28 sept. 09 à 09:36, Destroy a écrit :

Bonjour,

Sans réponse à mon mail précédent, du 16 juillet, je suppose qu'il a du tomber dans l'oubli en raison de la  période estivale, et je me permets donc de vous le réexpédier.

Cordialement,

Destroy

Et, miracle, une réponse. Mieux, il n'essaye même pas de me faire croire qu'il n'y a eu aucune vente (je n'attendais que celà pour lui envoyer la capture écran de la paru sus-citée), non, non, il revendique :

Expéditeur:    rantez@abracadabra.com

Objet:    Re: Dalaï-lama    

Date:     28.09.2009 11:01:10

Destinataire:    Destroy

Désolé mais pour le moment il y a seulement une parution sur un site internet.

Pas de relevé pour le moment.

Bien à toi

RA

J'en suis resté tellement scotché que j'ai rien répondu...

 

 

jeudi 5 novembre 2009

Se foutrait-on de notre gueule ?


_ Allo Destroy ?

_ Oui, c’est bien moi.

_ Salut c’est John. Il me faudrait absolument pour cette après-midi une sélection de 20 photos sur les réfugiés soudanais au Tibet.

_ Ok, pas de problème, je t’envoie ça.

Deux heures plus tard…

_ Elles sont vraiment super tes photos ! Et bravo pour ta rapidité de réaction ! T’es vraiment un pro ! Il faudrait que tu m’envoies en haute dèf la numero 14.

_ Merci… Je t’envoie ça tout de suite… Et au fait, c’est payé combien ?

_ 50 Euros la demi page.

Une semaine plus tard une photo est publiée. J’envoie une facture de 50 Euros.

4 mois après…

_ John, j’ai toujours pas été payé pour ma parution sur les réfugiés soudanais. Que se passe-t-il ?

_ Destroy, je vais en parler à la comptable et je reviens vers toi.

1 semaine plus tard…

_ John, elle est partie en vacance la comptable ou quoi ?

_ En fait, Destroy, la boîte a des problèmes d’argent; normalement toutes les dettes devraient être payées à la fin du mois prochain, mais c’est pas sûr. Je suis vraiment désolé.

(affaire à suivre)

lundi 19 octobre 2009

Dieu existe !


"Bonjour Destroy,

Je vous ai envoyé par courrier le chèque correspondant à votre facture, mais nous avons pensé entre temps que nous pourrions vous proposer une somme plus importante pour ces photos. Si cela vous convient, je pensais donc vous envoyer un second chèque. Pourriez-vous dans ce cas nous envoyer la facture modifiée avec ce nouveau montant ?

Bien cordialement"


mardi 29 septembre 2009

VISA pour Yankee land


Cette année, à Visa pour l’image (oui, encore), n’y allons pas par 4 chemins, les projections étaient bien plus nulles que les années précédentes.
Entre la rétrospective Paris Match, la rétrospective historique sur la crise de 29, et les Américains qui vont sur la lune… Les organisateurs  ont voulu prouver que le photojournalisme était bien mort. On vous l’a déjà dit et vous l’avez lu partout… Ok, j’insiste pas là-dessus…
Mais le truc le plus désagréable n’était pas forcément de voir des photos d’archives revues et corrigées à la sauce After Effect  (encore que), c’était surtout de constater avec une certaine consternation l'ignoble sponsor que le festival avait pu se trouver cette année… Bon, d’accord depuis 21 ans, on a droit à Paris Match, c’est déjà assez désespérant, mais, pour couronner le tout, cette année, le logo du département d’état américain a fait son apparition sur l’écran de Visa à côté de celui de la région Languedoc-Roussillon et de celui du ministère de la culture… Au moins, comme ça, on nous prévenait qu’on allait se taper de la propagande à longueur de projection…
Chers organisateurs de Visa, Destroy vous demande juste une petite chose: ne nous faites plus jamais chier avec votre fameux concept d’objectivité…
Merci.

mercredi 16 septembre 2009

Tous frères!


La semaine dernière, j'étais à Perpignan pour le festival visa pour l'image qui célébrait la mort du photojournalisme à coup de directeurs photo saouls dans les cocktails.
Cette semaine-là, Christian poveda a été assassiné au Salvador.
Christian Poveda était un photojournaliste impliqué. Un type bien.
Reprenons...
Perpignan, un soir, je me retrouve au pot donné par un grand magazine français de droite. Comme la majorité des photographes actuels (voir cet article du monde), je gagne moins que le RMI, je suis un travailleur pauvre. Alors si j'ai l'occasion de boire et de manger gratuitement, je ne m'en prive pas, même si l'endroit pue le carré Hermès.
Et voilà que que le rédac-chef photo du dit magazine grimpe sur une chaise devant la centaine de bâfreurs et tape sur son verre avec un couteau... Il souhaite prendre la parole pour rendre hommage à Christian poveda... Pourquoi pas...
Et Il conclut en disant que les photojournalistes sur le terrain et les rédacteurs photos sont " tous des frères d'armes."
Pas mal, surtout pour un type qui passe le plus clair de son temps derrière son bureau et dont le seul boulot consiste à décider  qui aura l'honneur d'être publié dans son grand magazine de droite. Ce type-là, donc,  "frère d'arme"  de ceux qui slaloment entre les balles, de ceux qui justement ne portent pas d'armes. Vocabulaire militaire, arrogance, suffisance.
C'est dommage, le jambon était bon, j'ai tout vomi.

vendredi 4 septembre 2009

Icono mon amour [one again]

[...] Accepterais-tu de nous faire une galerie de portraits ? Je ne peux que maigrement te dire que toutes tes photos seront bien entendu créditées... malheureusement guère plus [...]

mercredi 2 septembre 2009

Ça va mieux à la radio.

J'aime bien le festival de Perpignan. On y rencontre plein de gens contents d'eux qui se font la bise et qui éclatent de rire devant des images d'enfants morts, des photographes, des journalistes, des iconographes, toutes sortes de gens, donc, plus ou moins badgés, à l'affût de la soirée qui s'annonce. Un vrai bal, avec ses rois, ses courtisans, ses pique-assiettes, ses parasites, ses princes et ses conspirateurs, rien de bien nouveau, c'est pareil dans les congrès de cardiologie. Hier, je me baladais dans les rues et je tombe sur un type d'une grande radio française en plein reportage. Il interviewe des photographes, il pose des questions sur la fin du photojournalisme, tout ça pour une émission consacrée au sujet et diffusée prochainement. Paf, ça tombe sur moi. Après les banalités de base, on en vient en sujet principal, le web-do-cu-men-tai-re. Aujourd'hui, si tu fais pas du webdocumentaire, t'es qu'une merde juste bonne à être écrasée. Pas grave, ça rejoint parfaitement la logique concentrationnaire qu'on nous balance au quotidien. On fait des photos, on écrit le texte, on retouche, on met en page, et maintenant on doit aussi filmer et faire une prise de son. Et tout seul, hein, c'est moins cher. Le métier de photographe évolue, faut s'adapter. Ok. Donc, face au micro du type, je râle un peu pour la forme. Surprise (une fois les micros coupés, hein, faut pas déconner), le type est d'accord avec moi. Lui aussi, ça le saoule un peu, la multiplication obligatoire des compétences pour un seul boulot. D'ailleurs, sa rédaction lui a refilé un compact numérique pour prendre quelques photos pour illustrer la page web de l'émission. Il l'avoue de lui-même, il ne sait pas faire de photos et ça l'emmerde. Du coup, ses images sont pourries et la page web n'est pas belle. Pas grave, ça coûte rien et qui s'en soucie ? Après tout, c'est rien qu'une très grande radio française, hein, c'est pas la télé, quand même. Il est con, aussi, ce journaliste. Il aurait dû demander aux 957 photographes sans boulot présents sur place de les faire, ses putains de photos. Je suis sûr qu'il en aurait trouvé un, dans le tas, et un bon, en plus. Et puis il aurait pu lui dire "désolé, hein, je peux pas te payer, on n'a pas le budget, mais on mettra ton nom en signature."

vendredi 28 août 2009

Allez Rémon !



Gamma est mort, c'est bien triste. Gamma était même morte depuis longtemps, c'est un Certain Rémon D. qui le dit. Rémon D. (ancien salarié repenti) est d'accord avec le PDG (salarié avec bonus) du machin qui gérait Gamma, le salaire a tué l'agence. Il faut s'a-ssu-mer artistes, les photographes, s'a-ssu-mer auteurs, toi comprendre ? Le responsable de la catastrophe, c'est donc pas du tout la maximisation des profits des entreprises d'éditions, c'est pas les journaux qui payent rien, c'est le salaire, le sa-lai-re, on t'a dit. Moi je m'en fous, je suis comme Rémon D. Je suis artiste. Auteur, quoi. J'ai tout compris. Chaque week-end, je me vautre dans la coke et les putes, mais à la télé, hein, j'ai pas assez pour vivre à Miami. Rémon D. me dit que c'est parce que je suis pas un bon artiste. Si j'étais un bon artiste, je gagnerais assez pour me payer tout ça au lieu de le vivre par procuration sur TF1 sur ma vieille télé cathodique avec VHS intégré. Le truc, c'est qu'avant d'être artiste et de picoler gratuit avec Christine Albanel (ah non, merde, c'est plus elle), j'aurais apprécié d'être salarié, justement, histoire de travailler sereinement mes sujets sans gagner des cent et des milles, hein, non non, juste pour bosser en me disant que je boufferai ce soir. Mais non, c'est mal. Le salaire du PDG, c'est pas mal. Le salaire du photographe, c'est mal. Ok. J'apprends peu à peu. En attendant, pour bosser comme photographe, désormais, il faut aussi avoir un boulot alimentaire, hein, je dis ça comme ça. Certains sont profs, d'autres bouchers charcutiers le week-end, tout ça pour faire un sujet sur les réfugiés soudanais au tibet pendant les vacances d'été parce que c'est nous qu'on le produit. Aujourd'hui, tous les photographes que je vois dans la presse bossent beaucoup pour l'institutionnel et les entreprises privées genre Adecco tout simplement parce que ça les fait bouffer. M'est avis que salariés, ils seraient bien contents et pourraient peut-être produire des choses encore mieux et encore plus intelligentes pour nos journaux. Mais non. La salaire, ça ramollit. Après, tu te mets en congé maladie à la moindre grippe A et du refuses même de bosser le dimanche, tu vois le genre. Non non, le salaire, c'est dépassé. D'ailleurs, il me semble qu'on se dirige doucement vers une abolition du salaire. On sera rémunérés au mérite, dorénavant. Rémon D. va s'en mettre plein les fouilles, il a de la chance. Moi beaucoup moins. Du coup, j'ai pas acheté Terre Natale, son dernier truc, je l'ai volé. Ben ouais, si j'avais eu un salaire, j'aurais pu l'acheter, hein, mais là, non, désolé, non.

vendredi 3 juillet 2009

Le photographe est mort vive le mort !

Le journal Le Photographe, vénérable centenaire (à quelques mois près) vient d'annoncer l'arrêt de sa parution. Tout le petit monde de la presse photo est en émoi car ce giclage s'est effectué de manière très "cavalière" (mot tout à fait approprié car Le Photographe appartenait au groupe de presse Mondadori, propriété du sémillant Berlusconi). Le rédac'chef a appris la nouvelle juste après avoir bouclé son numéro d'été et juste avant de boucler ses valises pour les vacances. C'est vache...

Les pleureuses sont aujourd'hui bien plus nombreuses que les lecteurs d'hier. Le Photographe, c'était le seul journal dont les journalistes connaissaient le nom des tous les abonnés. On accuse la crise, les publicitaires, les microstocks... et on oublie de dire que personne ne lisait ce canard (cher au demeurant : 5,40 euros, plus de 35 balles !) à part :
- 3 sensitophiles compulsifs qui aimaient revêtir leur combinaison de latex et s'autoflageller en déchiffrant les méandres du comparatif des effets interimages et autres granulations PGI des dernières Kodak testée par B. Leblanc (le "pape" de la sensito).
- 2 amateurs de photos post'hamiltoniennes de jeunes filles en fleur et autres paysages champêtres réalisées avec maestria par X. Tullaye (j'omets volontairement la particule).
- 5 voyeurs qui attendaient une apparition à la fenêtre de l'immeuble voisin qui servait de mire de test à M. Champion (qui se prétend, sur son site perso, l'héritier - rien que ça - du regretté Chenz).
- 3 revendeurs de trépieds en plastoc qui profitaient de la publication des mauvaises statistiques du marché photo pour pleurnicher sur leur sort.
- 15 photographes de mariage aux photos désolantes qui appréciaient les images toutes aussi navrantes de leur collègues.
- 6 passionnés de la saga Arthus-Bertrand.

Bref, Le Photographe n'avait pas de lecteurs. C'est gênant quand on est un journal. Ceux qui se lamentent aujourd'hui le savaient très bien. Ils en déclaraient 10.000 (bizarrement, le magazine n'était pas contrôlé par l'OJD : c'est une déclaration sur l'honneur !)... pour justifier des tarifs de pub surgonflés à leurs annonceurs. En réalité, il faut diviser ce nombre par un facteur supérieur à 2... Mondadori cherchait, en vain, à revendre ce machin depuis plusieurs années. Aujourd'hui, les rédacteurs réfléchissent à un truc pour renaître de leurs cendres. Wait and see disait Leblanc !

Alors, à qui le tour maintenant ? Allez, un petit indice, les ventes du magazine Photo ces 5 dernières années :

Ben merde... les top models, ça marche plus. Pôle emploi vaincra !

mardi 9 juin 2009

Qui connaît son travail?


Un beau jour, je marchais paisiblement dans les rues grises en me demandant comment j’allais payer mon loyer, quand mon téléphone portable sonna.


— Allo, Destroy ? fait une voix féminine sur le ton stressé caractéristique des personnes travaillant au sein d’une rédaction d’un magazine de renom.

— Oui, c’est bien moi, dis-je avec le léger tremblement lié à la décharge d’adrénaline caractéristique des photographes qui travaillent peu.

— Il paraît que vous avez des photos de réfugiés soudanais au Tibet ?

— C’est exact…

— Pouvez-vous nous envoyer vos meilleures images par mail dans une demi-heure ?


Je calcule… Le temps que j’arrive chez moi… Que j’allume l’ordi…


— Oui, c’est faisable…


Quelques jours plus tard, je suis convoqué à la rédaction pour qu’ils puissent convenablement choisir les images. Évidemment, ils choisissent l’une des seules photos réalisée avec un compact numérique. Trois millions de pixels. Et ils veulent en faire une pleine page. Forcément, je m’inquiète et j’en parle à la chef du service photo.


— Vous êtes sûre que la résolution, ça ira ?


Regard hautain.


— Mais bien évidemment…


J’insiste


— Non, parce que là, vous savez…

— Ecoutez, c’est bon, j’ai du travail, alors si vous pouviez disparaître…


Un mois et demi plus tard, je marchais paisiblement dans les rues grises en me demandant comment j’allais payer ma facture d’électricité…


— Allo Destroy ? demande la voix de la chef photo…

— Oui, c’est bien, moi

— Nous avons un grave problème avec la photo que nous vous avons achetée.

— Ah, oui, tiens, lequel ?

— Elle est trop petite !! Il nous la faut en plus grand. Maintenant.


Le problème c’est que là, je suis à une bonne heure et demi de chez moi.


— Alors vous nous dites si vous pouvez nous l’envoyer dans les dix minutes qui viennent, sinon, nous en trouverons une autre.

— Ok, je vous l’envoie le plus rapidement possible.


Je cours, je vole… Je transpire… je tente un rééchantillonnage, je vérifie… Hum, pas terrible… Je fais un tirage sur ma jet d’encre et je file chez un ami faire une repro sur son banc avec un 16 millions de pixels… J’envoie…


Et ça passe, bien entendu.

vendredi 29 mai 2009

Entreprise à visage humain


Avec le RSA, je suis obligé de prouver que je fais tout pour travailler. Et c'est vrai, honnêtement, j'arrête pas. Le truc, c'est que l'organisme de contrôle ne valide pas les boulots gratuits. C'est dommage, parce que sinon, j'aurais sans doute droit à 296 RSA d'un coup, comme ça. Mais c'est pas grave, je lis VSD et ses articles PENDANT-LA-CRISE-NOS-TRUCS-POUR-CONSOMMER-MALIN, je me sens vivant, c'est bien. L'optimisme paie, c'est connu. Du coup, Dieu m'a récompensé en me filant du travail payé. Enfin, mal payé, hein, mais c'est l'intention qui compte. Il s'agissait d'aider un copain à photographier des gens dans une grande entreprise. Un groupe de gens, plus précisément. La responsable Com de la grande entreprise voulait améliorer l'image de sa grande entreprise en montrant ses salariés, histoire de signaler aux clients de la grande entreprise qu'en fait, vraiment, on vous jure, il y a des gens qui travaillent ici, et vous avez affaire à eux, on n'est pas des numéros, enfin quoi bon. Bref, six types à shooter vite fait pour un budget ridicule, avec un DA collé aux basques.
Le brief était clair: portaits poitrine-tête, fond blanc, en groupe. A priori, rien de bien difficile. Je sors mes deux flashs, je les pointe sur le plafond et je cale tout au maximum histoire de doucher mes modèles version boîte à lumière. On les colle au mur blanc d'une salle de réunion et hop, plié en vingt minutes.
Sauf que.
Sauf que le DA (Un DA, une balle) change d'idée le jour J. On débarque, on installe le matériel et le DA s'emballe :

— En fait, on va changer un peu.
— Changer ? Changer quoi ?
— On va les photographier en pied, ça sera plus dynamique.
— En pied ? T'es con ? J'ai pas de recul dans cette putain de salle de réunion. On avait dit poitrine-tête. En plus, t'as vu la moquette noire ? Et les plinthes ? Comment je fais pour les photographier en pied sans fond blanc ?
— Pas grave, avec Photoshop, ça se règle.
— Pas de souci, je te facture aussi une journée de post-prod, alors ?
— Ah non, c'était pas prévu, ça.
— Super, on fait comment, alors ?
— Ben, tu les shootes en pied, ça sera plus dynamique.

C'est bête, j'avais vraiment besoin de ces 9,27 Euros. Du coup, j'ai grommelé pour la forme, j'ai baissé la tête et on a fait la photo comme ça.
On a envoyé les résultats au DA, sans post-prod, évidemment. Il a trouvé que la moquette, c'était pas terrible, que franchement, moyen, hein, mais bon. Mon copain lui a suggéré de recadrer poitrine-tête, comme c'était prévu au départ. Le DA a soupiré, il a dit ouais bon ok et il a raccroché. Soixante jours plus tard, je touchais mes 9,27 Euros. Je n'ai jamais vu les photos. Je n'ai jamais retravaillé pour cette grande entreprise, mon copain non plus. Je suis tombé sur les bénéfices de la grande entreprise dans un journal consacré à l'économie. Ça va pour eux, merci.


jeudi 7 mai 2009

C'est interdit, on t'a dit !



Comme je n'ai rien à foutre ces derniers temps, rapport à la crise qui fait dire à mes iconos préférées Houlà, tu sais, c'est dur en ce moment, je ne sais pas si on pourra te payer, sur ce coup, j'ai décidé de me remettre au sport, histoire de mieux later la face à ces putains de photographes qui me bousculeront lors de la prochaine manif parce que j'ai eu le malheur de rentrer dans le champ. Comme le photographe est profondément crétin par nature, ya que les muscles qui lui font piger que non, vraiment non, mieux vaut pas l'emmerder, celui-là. Et comme je suis un indéfectible bourgeois, quand je fais du sport, je ne vais pas à l'Aquaboulevard avec la plèbe de banlieue, plutôt crever. Non, moi je vais à la belle piscine de la rue de Pontoise, dans le cinquième arrondissement de Paris, monument historique, beau bâtiment, tout ça. Tellement beau, d'ailleurs, ce bâtiment, qu'en me changeant, je dégaine mon appareil (un compact argentique, hein, c'est tellement hype d'avoir ça dans la poche) pour faire une photo du bassin, comme ça, pour le plaisir. Rappel à l'ordre immédiat du cerbère de service qui joue super bien son rôle de milicien serbe : PAS DE PHOTOS ! NON, PAS DE PHOTOS ! C'EST INTERDIT !
Rien à foutre, hein, alors je fais quand même mon cliché, avant de lui faire signe Ah oui, désolé, je savais pas, pardon. Milosevic arrive rapidement et me rappelle que non, décidément non, c'est super interdit de prendre des photos. Du coup, avec un grand sourire, je demande pourquoi. Silence. Long silence. En fait, il ne sait pas. Non, lui, il répète ce qu'on lui a dit, fort de son autorité toute récente, ce que j'appelle le syndrôme du caporal et que je croise régulièrement dans les manifs, justement. Quand un cameraman quelconque investi de sa mission sacrée estime normal de gueuler sur les photographes qui lui passent devant parce que, quand même, c'est la télé, hein, c'est autre chose. Mais je dois vieillir. Je n'ai pas emplafonné Milosevic. Je me suis contenté de sourire, de redire à quel point j'étais désolé, tout ça. Ensuite, il s'est barré, alors j'ai fait d'autres photos. Tiens, j'en publie une ici. J'espère de tout coeur avoir un procès pour cette atteinte au droit à l'image, au droit à je sais pas bien quoi mais on sait jamais. Beau bassin, vraiment.

mardi 28 avril 2009

Pas cher !



— Allo, Destroy ?
— Oui ?
— Salut, c'est X, je t'appelle de la part de Y. J'ai besoin d'un photographe, et il m'a envoyé vers toi.
— Ah, très bien, il va bien, Y ?
— Ouais, bon, je t'explique, je dirige une agence de com, et là, on est sur un coup avec une ligne de vêtements, tu pourrais nous photographier le matos avec un fond blanc ?
— Euh... Oui, du packshot, quoi ?
— Voilà, du packmachin, exactement, combien ça coûterait ?
— Ça dépend de la quantité et de ce que tu veux exactement...
— J'ai 350 produits, des chemises, des pantalons, des T-shirts...
— Ça veut dire que je les shoote pliés et repassés ?
— Ouais, ça doit être nickel, tu prends combien ?

Rapide calcul pour ce boulot de merde qui va remplacer la pige pour le magazine Z qui n'a toujours pas raqué ce qu'il me doit. 'Tain, le packshot, c'est vraiment la misère, mais bon, c'est la crise, hein.

— Je te fais ça à 400 € la journée, et là, il me faudra bien 7 jours pour tout faire si tu veux que ce soit nickel, plus un jour de post-prod.
— 3600, quoi...
— Voilà, oui.
— Bon, ok. On aura aussi besoin de photos cools, tu vois, genre des gens dans la rue qui portent les fringues et qui sourient, un truc sans prétention, sur des Vélib', par exemple.
— Euh... Ok, mais là, c'est différent, c'est de la photo de mode que tu veux. Il faut des mannequins, des maquilleurs, des lumières, ça coûte, tout ça, et c'est long.
— Ouais, mais nous, on veut juste quatre ou cinq photos, tu vois, des gens sur des Vélib'...
— Ok, le Vélib', j'ai bien compris, mais tu as déjà des mannequins sous la main ?
— Non, mais on s'en cogne, on fera poser les gens de l'agence, ça ira bien.
— Euh... Désolé, mais non, si tu fais poser n'importe qui, ça va pas le faire...
— Mais si mais si, et puis ça coûtera moins cher...

Gros soupir... Putain, qu'est-ce qu'il croît ? Qu'en faisant poser sa soeur sans maquillage sur un Vélib' à la con, il aura une image genre David Lachapelle pour 50 € ?

— Écoute, je veux pas insister, mais il te faut au moins des mannequins, sinon, c'est pas la peine. Tu veux quel genre d'images, à l'arrivée ?
— T'es devant un ordi, là ?
— Oui.
— Alors va sur lamode.com, la page d'accueil, c'est ça qu'on veut.

Je m'exécute. La page d'accueil montre trois splendides filles avec une lumière ultra chiadée, un maquillage de dingue et une post-prod de taré. Au moins 20 personnes pour faire ce boulot. 50 000 dollars, minimum. Sur Broadway. J'inspire un grand coup.

 Pas de problème, mais tu te rends compte du prix, pour sortir un truc pareil ?
— Combien tu prends ?
— Là, comme ça, au jugé, j'en sais rien, ça dépend des mannequins, tout ça, mais je dirais 2 jours de shoot, du matos à louer, la post-prod... Au moins 4000 € par jour, oui, au moins ça...

[clic]

— Allo ? Allo ?

vendredi 6 mars 2009

Icono Mon Amour [pour de vrai]


À force de traîner dans les rédactions, de boire des coups avec les journalistes, de flatter les directeurs photo, de latter les photographes qui me bousculent quand Alliot-Marie sort sur le perron et de gratter le dos des iconographes, je me suis fait une idée assez désagréable de la profession... Par exemple, après avoir passé plusieurs heures au téléphone à démarcher mes sujets et mes projets photo, après avoir attendu des plombes qu'on me reçoive brièvement dans un bureau pourri, j'en suis arrivé à une conclusion d'une rare limpidité : les iconographes n'aiment ni la photographie, ni les photographes. Oui, dit comme ça, je sais, ça fait un peu radical, mais je maintiens. Attention, je ne parle pas nécessairement de mon travail, hein, non non, j'entends par là la photo en général et les photographes en général. Bon, c'est vrai que les photographes sont aussi beaufs que gentiment socio-démocrates et tout prêts à nous enfermer dans des camps de rééducation quand on émet une légère critique sur Lionel Jospin, on ne peut donc pas décemment en vouloir aux iconographes de les haïr... Mais en même temps, les iconographes professent également le même discours, ils devraient s'entendre, en principe... Seulement voilà, la dialectique du maître et de l'esclave, l'argent, les contraintes du bouclage, les loyers, tout ça, bref, au final, ces braves gens se détestent les uns les autres. Curieux, hein ? J'aimerais bien que les iconos qui traînent par là m'expliquent tout ça. Moi, je dois être bête, j'ai tendance à penser qu'on est tous dans le même bateau, mais non, manifestement non, il y a ceux qui sont sur le pont supérieur du bateau, ceux qui rament et ceux qui nagent derrière. Ça doit être ça, la démocratie. Allez, soyez gentil(les), donnez-moi votre avis. Même sur la liste de diffusion jdl.info... Quoi ? Vous croyez que je ne suis pas sur cette liste ? Allons, allons, un peu de sérieux...
Cela dit, tout n'est pas perdu. Hier, j'ai rencontré une icono pour un journal indépendant et étrange. Une fille incroyable et limite dangeuse : aimable, souriante, constructive et agréable. Mes photos ne convenaient pas et de toute façon, ils ne payaient pas (la crise), mais tant pis, c'est le jeu, ça. Le truc, c'est que pour une fois, j'avais rencontré quelqu'un qui AIMAIT la photographie, le reportage, l'écriture visuelle et compagnie. Qui avait envie de défendre des idées. De faire des choses. Et qui y consacrait du temps. Bref, une icono, quoi. Une vraie. En sortant du bureau, j'ai vu qu'il faisait beau, je suis sorti dans la rue en souriant. Comme quoi.

lundi 16 février 2009

gratuité pour tous


Mail reçu :
Bonjour X,
Si tu nous envoies un texte en Word qui parle de toi et de tes derniers travaux, nous pouvons te consacrer un article dans le prochain numéro. Envoie également des photos en haute résolution.

Qui c’est ça ? Je me demande… Même pas merci, ni au revoir… C’est dingue… Je regarde mieux… Ah oui ! C’est un gratuit qui consacre plusieurs pages à des artistes, avec un portfolio de photos de mode et plein de pub… C’est la première fois qu’ils m'écrivent…
Je vais appeler, on ne sait jamais…

— Allo, bonjour, c’est X…
Friture sur la ligne…
— Quoi ?
— C’est X, vous venez de m’envoyer un mail…
Friture sur la ligne…
— Tu te trompes de numéro !
— Tu viens de m’envoyer un mail, c’est X ! (quand on me tutoie, je tutoie)
— Ahhhh ! oui.. ! X… Qu’est ce que tu veux ?
— Je voulais savoir… Pour le mail que tu m’as envoyé…
— Oui… Et alors ?
— Ben…Le délai… Les détails techniques…
Silence comme si je venais de poser la question à 3 milliards de dollars, finalement, elle répond.
— Envoie un texte de 2500 caractères et une dizaine d’images en basse résolution… On choisira… De toute façon, on en publiera au maximum deux.
— Et je suppose que ce n’est pas rémunéré ?
— Ha ben, non ! (soupir ) C’est nous qui faisons ta promotion !
Silence
— Ah, oui, oui, bien sûr, où avais-je la tête… Rire gêné… Merci… À bientôt…

lundi 26 janvier 2009

Très fatigué...


1 September 2008

Hello X,
As I told you by phone here you have my new works:
link
I hope you will enjoy.
Thanks.
Bye
Y

15 janvier 2009

Dear Y
Many thanks for sending in your work to us here at XXX and apologies for the late reply.
I do like your work but unfortunately there really isn't anything here that we can use at this time.
Thank you again for you submission and best of luck.
Best,
X


15 janvier 2009

Hello X,
I have something else here, maybe you will be interested :
Link

26 janvier 2009

Hi Y,
We've only just done a story on Tibet, so it's not really a subject that we wish to repeat at this time.
Thanks for the link though, nice work.
Best,
X

Vous faites comment, vous dans ces cas-là?

vendredi 23 janvier 2009

ça fatigue, à force...



Il y a six mois, j’ai enfin obtenu un rendez-vous avec l’un de ces papes du photojournalisme (chef photo d’un magazine de renom) pour lui montrer mon reportage sur les réfugiés soudanais au Tibet. C’est pas du gâteau déjà…

- Allo, bonjour, est ce que je pourrais parler à Monsieur X ?
- C’est à quel sujet ?
- Je suis photographe, j’ai déjà publié chez vous et j’ai un reportage qui pourrait l’intéresser, je m’appelle (…)
- Attendez, je vais voir s’il est là…

(5 minutes d’attente – je commence à transpirer de l’oreille)

- Il n’est pas disponible… Vous pouvez rappeler dans une heure…

(1 heure plus tard)

- Il est parti, vous pouvez le rappeler dans une semaine, il est en congé à partir de demain.

Après plusieurs tentatives de ce genre, je finis par y arriver. Heureux, je lui montre les images…

- Ah oui, c’est intéressant, ça… Mais bon, faut pouvoir le placer, y a pas d’actu sur le Tibet en ce moment. Il faudrait que je voie, je vais en parler en conférence de rédaction… Je peux garder ton book ?

- Oui, bien sûr.

- Je ne te promets rien, hein…

Je rentre chez moi, en me disant, correct le mec… Bon, il me tutoie alors qu’on se connaît à peine, mais correct.
15 jours passent, je passe un coup de fil au cas où… Il est en vacances. Je laisse passer 1 mois, je rappelle…

- Allo, bonjour, c’est …, est ce que je pourrais parler à Monsieur X ?
- Qu’est ce que vous lui voulez ?
- Il a un book à moi et …
- Vous savez, il en a plein ses tiroirs, des books !
- Mais il m’avait dit que…
- De toute façon, il est en réunion, rappelez plus tard !

Je reprends mon souffle et je laisse passer encore 1 mois… Même genre de dialogue.
Encore un mois sans nouvelles… Cette fois, un autre magazine de renom serait intéressé par ce travail donc je veux récupérer mon book…

- Allo, bonjour, c’est …, est ce que je pourrais parler à Monsieur X ?
- Il n’est pas disponible !
- Il a dans ses tiroirs depuis 3 mois et demi un book a moi, j’aimerais le récupérer puisqu’il n’en fait rien…
- Vous sous-entendez que nous gardons votre sujet pour qu’il ne passe pas ailleurs… Non, mais vous vous prenez pour qui ? C’est dingue, ça ! Passez le chercher à 16 heures à l’accueil !

L’autre magazine de renom m’a fait a peu de choses près le même coup…Je dois pas bien m'y prendre... Vous avez des conseils?

mercredi 21 janvier 2009

Ma vie dans un grand mensuel (2)

Des fois, je fais des portraits d'auteur. Des fois, les éditeurs me demandent des hautes définition. Des fois, je suis con. Je m'attends toujours à ce que les professionnels travaillent professionnellement. Qu'ils payent, qu'ils informent, qu'ils suivent, qu'ils la jouent réglo. Des fois, je suis vraiment très très con, ce qui donne ce genre de mails :

Bonjour,
Je découvre dans votre N°50 - par hasard - un portrait de [-] publié sans autorisation, sans signature, et recadré.
Je découvre également dans le N°49 des photographies de [-], toujours sans autorisation, cette fois signées.
J'ignore comment ces images ont atterri chez vous. Les intéressé-e-s vous les ont sans doute fait parvenir. Il est également possible que l'éditeur vous les ai communiquées. Dans tous les cas, un magazine professionnel se doit de contacter l'auteur, afin de le prévenir de la publication, de lui envoyer des exemplaires des numéros concernés, de signer les images et de se renseigner quant à une éventuelle rémunération. Quant au recadrage sauvage, je préfère ne pas trop évoquer le sujet, de peur de devenir réellement désagréable. Photographe professionnel, je ne photographie pas pour m'amuser. C'est un métier. Grâce auquel je mange. Les publications "gratuites" ici où là m'épuisent. La moindre des choses est de PREVENIR vos collaborateurs (même involontaires) des parutions et de l'usage de leur travail. En tout cas, ça se passe comme ça dans la presse professionnelle. Mais peut-être que votre magazine n'est pas professionnel. Auquel cas vous ne recevez évidemment aucun salaire et le magazine est distribué gratuitement à qui veut. J'attends une réponse rapide de votre part.

...

Cher Monsieur (et je me retiens car je vous trouve plus que grossier) Nous demandons à l'éditeur une photo de l'auteur quand nous faisons une interview, normal, l'éditeur n'a pas à fournir une photo non libre de droit, et si c'est le cas il doit nous en informer, donc c'est en amont à lui et vous de vous entendre pour prévenir ce genre de désagrément, c'est votre travail pas le nôtre, c'est ça la règle dans la presse professionnelle. Nous n'apprécions ni votre ton ni vos jugements hâtifs. Merci d'agresser comme vous savez bien le faire visiblement les deux éditeurs concernés qui envoient vos photos aux magazines sans nous informer qu'elles ne sont pas libres de droit, ou sans nous donner de crédits.

...

Mais avec plaisir.
Je vous rappelle pour information que je suis en droit de vous poursuivre en justice. Comme je n'ai pas de temps à perdre avec ça, je me contenterai de signaler à l'ensemble de mes collègues - et du milieu photo en général que je fréquente assidûment - la façon décidément très professionnelle dont vous travaillez.
Très cordialement.

...

no comment, c'est surréaliste.

mardi 20 janvier 2009

Nikon mi corazon one again


Y'a pas si longtemps, Nikon convoque dans le plus grand secret la fine fleur de la presse photo française pour leur présenter des trucs qui font des photos. Café, croissants dans les locaux de la Nikon School. D'entrée de jeu, ça joue serré : accord de confidentialité signé pour s'assurer de la non-divulgation des infos qui vont être données... mais qui sont déjà sur internet depuis une semaine.
Bon : D700 et un compact d'enfer qui fait GPS.
Une semaine plus tard, voila tous ces journalistes qui reçoivent une lettre avec accusé de réception. Un schéma concernant ce compact - oh combien stratégique - a été publié sur nikonrumors, un site d'un intérêt capital pour les nikonistes du monde entier... et surtout des espions de chez Canon. Le Japon est furieux, ce schéma provient forcément de la France et ça va chier si les French Nikon boys retrouvent le coupable qui a parjuré. Les directeurs de rédaction ont également reçu la lettre de menace envers leurs journalistes. Poursuites judiciaires, etc.
Va savoir si c'est pas le GPS qu'a merdé et qu'a envoyé tout seul son schéma à deux balles. N'empêche, si c'est pas le cas, y'a des balances dans la presse photo française. Des qui complotent avec les sites ricains. Des qui signent et qui s'en balancent. Un truc inimaginable. En même temps, je sais pas s'ils l'ont chopé, le mec. Et s'ils lui ont fait manger sa race comme promis, chez Nikon, à ce renégat.

vendredi 16 janvier 2009

Nikon… Ni soumis


Frozen pliget écrit un article sur cette marque. Selon lui : « ils annoncent un mois de délai pour un 85/1,8 » et aussi « ils renaclent à changer un SB-800 tout neuf qui marche pas ! » et d’autres calembredaines au sujet d’un prospectus de promotion. Il exagère totalement, ce type. Il ne comprend rien. Moi, je serais Nikon, je n'hésiterais pas à le poursuivre, ce rabat-joie, voire lui péter les genoux. Nikon est une firme tout à fait conséquente et totalement dédiée à ses clients et aux professionnels. Si, si…Regardez par exemple, pour tous ceux qui ont un scanner Nikon, et un Mac avec un système 10.5 (léopard), Nikon leur dit :

« Le logiciel Nikon Scan est-il compatible avec Mac OS X version 10.5 (Leopard) ? Non. (...) Nous ne prévoyons pas d'assurer la compatibilité. »

Moi, je dis bravo, au moins ça a le mérite d’être clair et net. T’es pas content ? T’as vendu le rein de ton fils pour t’acheter un Nikon Coolscan 9000 ED neuf et t’as eu le malheur de faire la mise à jour de ton OS sans te renseigner sur cette compatibilité… Tant pis pour ta gueule de crétin. C’est comme ça. Nikon n’a pas que ça à foutre, quand même, tu te crois où, là ? Développer des logiciels à la con pour les pros, sur le système qu’ils utilisent tous, tu rigoles ? Tu sais combien ça coûte ?

Nikon se débrouille super bien, je trouve, en ces temps de mondialisation. Attends, c’est la crise, hein, faut faire des économie ou gratter quelques euros de ci de là… Tu es un amateur, tu achètes un D90, tu te dis chouette, je vais pouvoir profiter de la technologie Nikon, c’est pour les pros, je vais trop assurer, je vais pouvoir vendre mes photos à 1 € sur les sites dédiés et me la raconter un peu partout, comme quoi je suis photographe “semi-professionnel”… Si tu es sérieux, tu lis la notice, et tu te rends compte que tu ne pourras pas exploiter tes fichiers RAW sans acheter le logiciel Nikon Capture NX 2. Autrement dit, tu viens de dépenser 800 € et il faut que tu en débourses 65 de plus. Ah mais quand on est pro, on ne regarde pas à la dépense, hein. Tu me diras si tu achètes un D700 ou un D3 c’est exactement pareil… Comme quoi les amateurs et les pros chez Nikon sont logés à la même enseigne… L’enseigne “ je me fous de ta gueule en rigolant tout au long du chemin qui me mène à la banque.”

Les petits malins me diront, ben, t’as qu’a passer chez Canon… Oui, mais le scanner, je me le mets où ? je suis vos regards et je dis non.

mercredi 14 janvier 2009

Un photographe, une balle !



J'aime beaucoup les photographes. Pas tous, mais quand même. En général, le photographe est râleur (mais viril), mal habillé (mais d'un négligé élégant), raciste (au second degré), beauf (pour rire) et aussi con que les autres (mais artiste). Moi, je suis un photographe comme les autres. Mais je ne regarde pas la télé, je n'ai pas d'avis péremptoire sur le Destin-De-La-Photographie, je n'ai rien contre les bougnoules et je souffre d'une forme de maladie extrêmement handicapante quand je travaille : le respect des collègues. Vous vous rendez compte ? Je leur dit bonjour quand je les croise à la sortie d'un conseil de ministres ou dans une manif quelconque, et ce même si je ne les connais pas ! Quand ils sont huit à photographier le mec qui tient la banderole, là, devant, je reste en arrière, j'évite de foncer dans le tas pour shooter les poils du nez du futur gardé-à-vue au 18mm f:2,8, tout simplement parce que je ne veux pas les gêner (mes collègues, pas les poils de nez du futur comparution-immédiate). Dingue, non ? L'autre jour, j'ai croisé Martin Hirsch, le type qui s'occupe des pauvres ('pi des jeunes, aussi, c'est pareil) et qui a vachement grossi, je trouve, depuis qu'il mange gratuit au ministère. J'ai dit bonjour aux collègues (silence), j'ai essayé de m'insérer dans la masse (coup de coude vicieux de mon voisin de l'AFP), de dépit, j'ai reculé et je l'ai joué décalé, genre je shoote au dessus de tout ça, comme ça j'aurai la tête de Martin avec la meute autour, ce sera plus rigolo. Là, un caméraman de TF1 me cogne sur l'épaule (fort, hein) en grognant un "Ho !", parce que suis devant lui. Bon, je fais mon mètre quatre-vingt, quand même, et ce futur chômeur est désagréable. Du coup, je le traite d'enculé, parce que bon, hein. Visiblement, ça le surprend. Galvanisé par cette victoire animale, je me rue à nouveau dans la masse, je marche sur le pied du connard de l'AFP et je dégage d'un coup d'épaule le nain sur ma droite, là, avec son brassard presse. Je me suis senti fort, je me suis senti beau, je me suis enfin senti PHOTOGRAPHE. Après, j'ai eu honte. Con, désagréable et tout sauf solidaire, c'est chouette, photographe. Super métier. Au final, c'est la photo décalée que j'ai gardée. Depuis, je reste décalé.

mercredi 7 janvier 2009

Icono mon amour (5)


Echange de mails:

Bonjour S... (bosse pour un féminin),
Comment vas tu depuis tout ce temps?
Je t'écris pour te montrer une série de portraits de réfugiés soudannais au Tibet.
Parmi ces personnes, il y a 4 jeunes femmes. Deux d'entre elles ont 18 ans et sont actuellement en prison.
Je me suis dit que tu serais peut être intéressée.


Réponse de S...

C'est un beau sujet..
mais malheureusement (nom du mag) a rejoind les magazines qui ne publient plus de reportages et qui ont fait le choix éditorial de l'illustration photographique de manière générale et générique..C'est dur surtout pour moi...

Conclusion:
C'est dur pour ceux qui ont toujours leur place et leur salaire, pour les pigistes et photographes indépendants, c'est la belle vie, bien entendu.