Le journal Le Photographe, vénérable centenaire (à quelques mois près) vient d'annoncer l'arrêt de sa parution. Tout le petit monde de la presse photo est en émoi car ce giclage s'est effectué de manière très "cavalière" (mot tout à fait approprié car Le Photographe appartenait au groupe de presse Mondadori, propriété du sémillant Berlusconi). Le rédac'chef a appris la nouvelle juste après avoir bouclé son numéro d'été et juste avant de boucler ses valises pour les vacances. C'est vache...
Les pleureuses sont aujourd'hui bien plus nombreuses que les lecteurs d'hier. Le Photographe, c'était le seul journal dont les journalistes connaissaient le nom des tous les abonnés. On accuse la crise, les publicitaires, les microstocks... et on oublie de dire que personne ne lisait ce canard (cher au demeurant : 5,40 euros, plus de 35 balles !) à part :
- 3 sensitophiles compulsifs qui aimaient revêtir leur combinaison de latex et s'autoflageller en déchiffrant les méandres du comparatif des effets interimages et autres granulations PGI des dernières Kodak testée par B. Leblanc (le "pape" de la sensito).
- 2 amateurs de photos post'hamiltoniennes de jeunes filles en fleur et autres paysages champêtres réalisées avec maestria par X. Tullaye (j'omets volontairement la particule).
- 5 voyeurs qui attendaient une apparition à la fenêtre de l'immeuble voisin qui servait de mire de test à M. Champion (qui se prétend, sur son site perso, l'héritier - rien que ça - du regretté Chenz).
- 3 revendeurs de trépieds en plastoc qui profitaient de la publication des mauvaises statistiques du marché photo pour pleurnicher sur leur sort.
- 15 photographes de mariage aux photos désolantes qui appréciaient les images toutes aussi navrantes de leur collègues.
- 6 passionnés de la saga Arthus-Bertrand.
Bref, Le Photographe n'avait pas de lecteurs. C'est gênant quand on est un journal. Ceux qui se lamentent aujourd'hui le savaient très bien. Ils en déclaraient 10.000 (bizarrement, le magazine n'était pas contrôlé par l'OJD : c'est une déclaration sur l'honneur !)... pour justifier des tarifs de pub surgonflés à leurs annonceurs. En réalité, il faut diviser ce nombre par un facteur supérieur à 2... Mondadori cherchait, en vain, à revendre ce machin depuis plusieurs années. Aujourd'hui, les rédacteurs réfléchissent à un truc pour renaître de leurs cendres. Wait and see disait Leblanc !
Alors, à qui le tour maintenant ? Allez, un petit indice, les ventes du magazine Photo ces 5 dernières années :
Ben merde... les top models, ça marche plus. Pôle emploi vaincra !