vendredi 28 août 2009

Allez Rémon !



Gamma est mort, c'est bien triste. Gamma était même morte depuis longtemps, c'est un Certain Rémon D. qui le dit. Rémon D. (ancien salarié repenti) est d'accord avec le PDG (salarié avec bonus) du machin qui gérait Gamma, le salaire a tué l'agence. Il faut s'a-ssu-mer artistes, les photographes, s'a-ssu-mer auteurs, toi comprendre ? Le responsable de la catastrophe, c'est donc pas du tout la maximisation des profits des entreprises d'éditions, c'est pas les journaux qui payent rien, c'est le salaire, le sa-lai-re, on t'a dit. Moi je m'en fous, je suis comme Rémon D. Je suis artiste. Auteur, quoi. J'ai tout compris. Chaque week-end, je me vautre dans la coke et les putes, mais à la télé, hein, j'ai pas assez pour vivre à Miami. Rémon D. me dit que c'est parce que je suis pas un bon artiste. Si j'étais un bon artiste, je gagnerais assez pour me payer tout ça au lieu de le vivre par procuration sur TF1 sur ma vieille télé cathodique avec VHS intégré. Le truc, c'est qu'avant d'être artiste et de picoler gratuit avec Christine Albanel (ah non, merde, c'est plus elle), j'aurais apprécié d'être salarié, justement, histoire de travailler sereinement mes sujets sans gagner des cent et des milles, hein, non non, juste pour bosser en me disant que je boufferai ce soir. Mais non, c'est mal. Le salaire du PDG, c'est pas mal. Le salaire du photographe, c'est mal. Ok. J'apprends peu à peu. En attendant, pour bosser comme photographe, désormais, il faut aussi avoir un boulot alimentaire, hein, je dis ça comme ça. Certains sont profs, d'autres bouchers charcutiers le week-end, tout ça pour faire un sujet sur les réfugiés soudanais au tibet pendant les vacances d'été parce que c'est nous qu'on le produit. Aujourd'hui, tous les photographes que je vois dans la presse bossent beaucoup pour l'institutionnel et les entreprises privées genre Adecco tout simplement parce que ça les fait bouffer. M'est avis que salariés, ils seraient bien contents et pourraient peut-être produire des choses encore mieux et encore plus intelligentes pour nos journaux. Mais non. La salaire, ça ramollit. Après, tu te mets en congé maladie à la moindre grippe A et du refuses même de bosser le dimanche, tu vois le genre. Non non, le salaire, c'est dépassé. D'ailleurs, il me semble qu'on se dirige doucement vers une abolition du salaire. On sera rémunérés au mérite, dorénavant. Rémon D. va s'en mettre plein les fouilles, il a de la chance. Moi beaucoup moins. Du coup, j'ai pas acheté Terre Natale, son dernier truc, je l'ai volé. Ben ouais, si j'avais eu un salaire, j'aurais pu l'acheter, hein, mais là, non, désolé, non.

3 commentaires:

Rémon T. (pas D.) a dit…

Dans le Canard de cette semaine, Jérôme Canard raconte comment Dany le rouge... merde, le vert... merde, le cyan, est allé rendre visite "pour une bouffe entre voisins" audit Rémon D. Soit.
Deux paragraphes plus haut, c'est beaucoup plus marrant : Jérôme reproduit les déclarations de Marine Le Pen - passionnée de photographie dès son plus jeune âge - au Figaro (journal de référence s'il en est - comme on dit) : "C'est un art et c'est donc difficile". Destroy, tu remarqueras qu'elle a pas dit "c'est du salariat". C'EST DE L'ART (et en plus c'est difficile) !
Tout le monde le dit, même Jeanne d'Arc alors, hein... tes remarques perfides...

Anonyme a dit…

De toute façon, le travail salarié, c'est l'aliénation... C'est pas Rémon qui le dit c'est Karl M.
Mais le travail précarisé payé au lance-pierre, je crois que c'est tendance... C'est plus sympa, tu vois, ça se raproche plus de l'esclavage mais bon... Faut savoir ce qu'on veut... Crever d'ennuie ou crever tout court... Faut choisir...

Guy Delbor

Coyo a dit…

Exactement la raison pour laquelle effectivement, j'ai trouvé un vrai boulot qui me permet d'acheter du bon matos, de partir en voyage pour travailler sereinement... j'ai longtemps cru que l'indépendance favorise la qualité du reportage, ce qui est vrai, mais la précarisation la défavorise encore plus.

Merci pour ce blog réjouissant et authentique, ca change un peu de la langue de bois qui entoure le métier.

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