mercredi 14 janvier 2009

Un photographe, une balle !



J'aime beaucoup les photographes. Pas tous, mais quand même. En général, le photographe est râleur (mais viril), mal habillé (mais d'un négligé élégant), raciste (au second degré), beauf (pour rire) et aussi con que les autres (mais artiste). Moi, je suis un photographe comme les autres. Mais je ne regarde pas la télé, je n'ai pas d'avis péremptoire sur le Destin-De-La-Photographie, je n'ai rien contre les bougnoules et je souffre d'une forme de maladie extrêmement handicapante quand je travaille : le respect des collègues. Vous vous rendez compte ? Je leur dit bonjour quand je les croise à la sortie d'un conseil de ministres ou dans une manif quelconque, et ce même si je ne les connais pas ! Quand ils sont huit à photographier le mec qui tient la banderole, là, devant, je reste en arrière, j'évite de foncer dans le tas pour shooter les poils du nez du futur gardé-à-vue au 18mm f:2,8, tout simplement parce que je ne veux pas les gêner (mes collègues, pas les poils de nez du futur comparution-immédiate). Dingue, non ? L'autre jour, j'ai croisé Martin Hirsch, le type qui s'occupe des pauvres ('pi des jeunes, aussi, c'est pareil) et qui a vachement grossi, je trouve, depuis qu'il mange gratuit au ministère. J'ai dit bonjour aux collègues (silence), j'ai essayé de m'insérer dans la masse (coup de coude vicieux de mon voisin de l'AFP), de dépit, j'ai reculé et je l'ai joué décalé, genre je shoote au dessus de tout ça, comme ça j'aurai la tête de Martin avec la meute autour, ce sera plus rigolo. Là, un caméraman de TF1 me cogne sur l'épaule (fort, hein) en grognant un "Ho !", parce que suis devant lui. Bon, je fais mon mètre quatre-vingt, quand même, et ce futur chômeur est désagréable. Du coup, je le traite d'enculé, parce que bon, hein. Visiblement, ça le surprend. Galvanisé par cette victoire animale, je me rue à nouveau dans la masse, je marche sur le pied du connard de l'AFP et je dégage d'un coup d'épaule le nain sur ma droite, là, avec son brassard presse. Je me suis senti fort, je me suis senti beau, je me suis enfin senti PHOTOGRAPHE. Après, j'ai eu honte. Con, désagréable et tout sauf solidaire, c'est chouette, photographe. Super métier. Au final, c'est la photo décalée que j'ai gardée. Depuis, je reste décalé.

6 commentaires:

... a dit…

Je te trouve un peu radical parfois
Mais bon j'ai toujours plaisir à te lire

F.Piglet

Anonyme a dit…

Oui mais ça détend !

Anonyme a dit…

C'est vrai que c'est pas très gentil ce que tu dis.

erwan a dit…

arff c'est la jungle.
Je ne suis pas pro, mais pendant le mouvement contre le CPE à Dijon que nous couvrions avec un pote étudiant en plus des quelques photographes locaux, on se disait tous bonjour. Et surtout on ne se bousculait pas, On se mettait à la bonne place chacun notre tour, ça devait donner lieu à un étrange ballet, mais c'était agréable.
Mais bon, c'est la province.

Euh sinon, bizarre le mot que j'ai à copier "imitfist". Faut que j'imite un fist ?

Anonyme a dit…

Je viens d'avoir sucerpo, alors tu vois...

Unknown a dit…

j'adore lol