Dialogue entre un prêtre et un moribond.
- bonjour, je viens vous présenter ce travail parce que je pense qu'il correspond à la ligne éditoriale de votre magazine...
- Vous savez en ce moment, on n'a pas d'argent pour produire...
(Heu... T'es sourde ? Le sujet est déjà produit)
- Je ne pense pas avoir besoin de retourner sur place.
- Vous êtes resté combien de temps?
(C'est si important ? Commence par voir si les images sont bonnes, non ?)
- Trois semaines, pour entrer réellement en contact avec les gens et vivre à leur côté. (en fait 10 jours mais il faut toujours dire plus, ça fait plus sérieux)
- Vous avez fait ça en numérique ou en argentique?
(Mais qu'est ce que ça peut te foutre ? Tu devrais être capable de t'en rendre compte toute seule, qui plus est. Ou alors c'est juste pour faire la conversation.)
- En numérique. Aujourd'hui, c'est le meilleur moyen pour éditer un reportage (en fait, j'avais plus une thune pour acheter des films, le dernier mag' pour lequel j'ai bossé ne m'a toujours pas payé.)
(Elle regarde les images)
- Pourquoi vous n'avez pas fait des portraits? C'est bien les portraits...
(Je fais ce que je veux)
- Ma démarche était de suivre ces personnes. Je voulais donner de l'importance à l'action. (je suis sûr que si j'avais fait des portraits, elle m'aurait posé la question inverse.)
- C'est dommage parce qu'on aimerait bien voir des portraits... Et puis je ne suis pas sûre que cela corresponde à notre ligne éditoriale... Les images sont bonnes, bien sûr, mais le rédac-chef ne voudra jamais d'un sujet pareil... C'est trop précis pour nous, anecdotique, les lecteurs ne comprendraient pas... vous voyez ce que je veux dire ? Si on voulait passer ça, il faudrait une image d'un enfant en train de pleurer devant une école, pendant qu'un religieux prie en arrière plan et qu'un incendie enfume le ciel... Mais on n'a pas d'argent pour produire... vous voyez...?
(Vous prenez les lecteurs pour des cons, en fait)
- oui, je vois...
- Vous avez essayé de présenter votre sujet à [—] ? je suis certaine que ça pourrait les intéresser...
(tu veux me planifier mon agenda ?)
- Ils n'en veulent pas...
(feignant la surprise)
- Ah bon ? De toute façon, ici, c'est la crise... houlala, vous savez, c'est pas facile, moi si je propose quelque chose on m'écoute à peine.
(Allez, raconte-moi ta vie)
- Ah, oui en effet, ça n’a pas l’air facile… Sinon, j'ai un autre sujet, là, sur les réfugiés soudanais au Tibet... C'est une série de portraits, ça devrait vous plaire...
- Désolé, mais si je dois défendre un sujet qui se passe au Tibet, je défendrais plutôt le boulot d'un autre photographe dont j’adoooooore le travail...
(…Il a couché, lui ? )
- Eh bien, merci, à bientôt, j'espère!
- bonjour, je viens vous présenter ce travail parce que je pense qu'il correspond à la ligne éditoriale de votre magazine...
- Vous savez en ce moment, on n'a pas d'argent pour produire...
(Heu... T'es sourde ? Le sujet est déjà produit)
- Je ne pense pas avoir besoin de retourner sur place.
- Vous êtes resté combien de temps?
(C'est si important ? Commence par voir si les images sont bonnes, non ?)
- Trois semaines, pour entrer réellement en contact avec les gens et vivre à leur côté. (en fait 10 jours mais il faut toujours dire plus, ça fait plus sérieux)
- Vous avez fait ça en numérique ou en argentique?
(Mais qu'est ce que ça peut te foutre ? Tu devrais être capable de t'en rendre compte toute seule, qui plus est. Ou alors c'est juste pour faire la conversation.)
- En numérique. Aujourd'hui, c'est le meilleur moyen pour éditer un reportage (en fait, j'avais plus une thune pour acheter des films, le dernier mag' pour lequel j'ai bossé ne m'a toujours pas payé.)
(Elle regarde les images)
- Pourquoi vous n'avez pas fait des portraits? C'est bien les portraits...
(Je fais ce que je veux)
- Ma démarche était de suivre ces personnes. Je voulais donner de l'importance à l'action. (je suis sûr que si j'avais fait des portraits, elle m'aurait posé la question inverse.)
- C'est dommage parce qu'on aimerait bien voir des portraits... Et puis je ne suis pas sûre que cela corresponde à notre ligne éditoriale... Les images sont bonnes, bien sûr, mais le rédac-chef ne voudra jamais d'un sujet pareil... C'est trop précis pour nous, anecdotique, les lecteurs ne comprendraient pas... vous voyez ce que je veux dire ? Si on voulait passer ça, il faudrait une image d'un enfant en train de pleurer devant une école, pendant qu'un religieux prie en arrière plan et qu'un incendie enfume le ciel... Mais on n'a pas d'argent pour produire... vous voyez...?
(Vous prenez les lecteurs pour des cons, en fait)
- oui, je vois...
- Vous avez essayé de présenter votre sujet à [—] ? je suis certaine que ça pourrait les intéresser...
(tu veux me planifier mon agenda ?)
- Ils n'en veulent pas...
(feignant la surprise)
- Ah bon ? De toute façon, ici, c'est la crise... houlala, vous savez, c'est pas facile, moi si je propose quelque chose on m'écoute à peine.
(Allez, raconte-moi ta vie)
- Ah, oui en effet, ça n’a pas l’air facile… Sinon, j'ai un autre sujet, là, sur les réfugiés soudanais au Tibet... C'est une série de portraits, ça devrait vous plaire...
- Désolé, mais si je dois défendre un sujet qui se passe au Tibet, je défendrais plutôt le boulot d'un autre photographe dont j’adoooooore le travail...
(…Il a couché, lui ? )
- Eh bien, merci, à bientôt, j'espère!
3 commentaires:
J'adore ces dialogues surréalistes.
Tous des cons comme tu dis.
j'ai mélangé plusieurs faits réels pour n'en faire qu'un seul...Mais c'est réaliste...Très réaliste...
rassure toi dans l'éduc' nat' j'ai aussi eu droit à des dialogues surréalistes, je ne te parle pas des gamins mais de certains chefs...
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